Quoi de neuf depuis le temps?

Publié le par Unyvert le blog d'Alanysfolle

Trois ans. Cela fait quasiment trois ans que je ne suis pas venue pondre quelques lignes sur ce blog. Trois ans. Le temps passe vite hein? Mais a bien des moments il m'a semblé plus long que jamais.

Que s'est-il passé en trois ans?

Vous souvenez vous jadis naguère quand j'évoquais mon entrée en formation d'éducatrice spécialisée? Et bien voilà. Voilà ce qui s'est passé. Je suis entrée dans cette formation et .... J'en ressors aujourd'hui diplômée et changée.

Physiquement déjà. Il y a trois ans, lors de ma première année de formation, notamment durant la période de mon premier stage en foyer d'hébergement pour adultes en situation de handicap j'avais perdu 13 kilos. Pouf. Comme ça, sur un claquement de doigts. Étudiante et fauchée, je n'avais pas de quoi m'offrir des bonbons et autres conneries du genre, et puis en foyer d'hébergement on mange comme les résidents. C'est à dire sainement et équilibré (ou un peu trop parfois). Alors forcément, j'ai fondu, et le truc c'est que j'y ai pris goût à bien manger et à prendre soin de moi. Je me sentais belle et mince (encore ronde mais du genre ronde avec des belles formes, comme une belle brioche). Et puis j'ai rencontré la même année Choudoudou. Après presque 8 ans de célibat (bon les rares histoires d'un mois ou deux je les comptes pas) je ne m'attendais vraiment pas à rencontrer quelqu'un. Pour être honnête à l'époque je souhaitais juste m'amuser et profiter de ce nouveau corps et de cette nouvelle vie. Et puis ça a duré plus qu'une nuit. Du coup il y a eu les restaurants et l'arrivée du nouveau stage en Établissement de Placement Éducatif (foyer pour mineurs délinquants pour faire plus simple). Et là...

Ça a été treize mois de légumes cuits à l'huile et de pâtes en sauce, de viandes en sauce, de desserts à foison. Bim! 10 kilos dans ta gueule!

Et alors comment vous dire que ces treize mois ont été plus que difficiles? A la base si j'avais choisi cette formation c'était avant tout pour découvrir ce public. Vous savez les jeunes qui traînent dans la rue, ces délinquants cambrioleurs qui taguent, brûlent, fument, insultent, interpellent, traînent en bandes? Ceux qu'on voit sur TF1 et dont les politiciens se servent pour leurs programmes? Ceux qui vous prennent tellement la tête que même si vous ne l'êtes pas du tout vous finissez par tenir des propos racistes juste parce que vous saturez? Ben voilà. Moi je voulais travailler avec eux. Ces jeunes cassés et brisés qui n'ont pas grandis avec les mêmes règles que vous. Les mal-nés, les mal-vécus. Ceux qui se font battre par leurs parents ou insulter, que l'on ignore, ceux qui assistent au quotidien à l'alcoolisme de leurs vieux, aux pères qui tabassent leurs mères, ceux qui sont loin de leur famille et qui vivent dans la rue ne parlant que peu français parce que les parents les ont envoyés en France (l'Eldorado). Ceux qui n'en peuvent plus de ne pas avoir de vraies familles et qui ne font confiance à personne, qui ne sont ni chez eux en France, ni chez eux au Bled. Les cassés, les foutus, les brisés, ceux des bas quartiers que l'on planque dans des foyers, que l'on confie à des éducateurs et leur disant: démerdez vous pour les réhabiliter en six mois sinon ils finissent en prison. Ben voilà, j'ai passé treize mois avec eux. De dépression. Et vous savez le pire? C'est que ces gamins j'ai appris à les aimer, même quand ils défonçaient les murs et qu'il fallait appeler la gendarmerie, même quand tu n'étais pas sûre qu'ils n'allaient pas te frapper, qu'ils te regardaient de travers ou se moquaient de toi. Je les ai aimé parce qu'ils étaient entier. Entièrement cassé mais entier quand même. Parce que j'ai noué de jolis liens avec les plus difficiles, ceux que mes collègues ne pouvaient pas se sentir. Parce qu'ils n'ont jamais levés la main sur moi et m'ont toujours respectés. Parce que je suis arrivée à parler avec eux et à me faire entendre. Et parce qu'ils se sont confiés à moi et que je les ai entendu. Parce que je suis arrivée à les faire lire et à leur faire aimer ça.

Non eux je les ai aimé. Mais quand vous arrivez dans une structure de la protection judiciaire de la jeunesse, vous pensez que vous serez soutenus, que vous travaillerez en sécurité, que vous vous soutiendrez, que vous vous serrerez les coudes, que vous apprendrez de vos collègues au travers de moult échanges et que vous travaillerez pour les gosses avant de penser à vous. Et quand vous découvrez tout l'inverse, et que vous devez faire avec les jeunes mais avant tout avec vos collègues et la structure...

Vous déprimez. Pastis mon ami et Porto mon amour ont été avec Choudoudou mes plus grands supporters ces treize mois. Ça et la bouffe. Bonjour les 13 kilos de perdus, bienvenues! Et bienvenues aux 7 autres!

Adieu le blog, la guitare, l'écriture! Adieu les sorties, la vie privé et compagnie! Bonjour à la formation d'éducatrice spécialisée et ses désillusions quotidiennes, tant liées aux stages qu'à l'école et son contenu.

Trois ans à lutter pour rester accrochée, à me battre pour un bout de papier dont je ne voulais plus.

Et aujourd'hui je l'ai. Enfin j'en ai fini. J'ai toujours mes kilos, mais j'ai encore mon Choudoudou. Bientôt deux ans et demi, un nouveau chez nous (une maison avec jardin, j'veux dire de la bombe de balle bébé!) des projets à gogo de fonder une famille, de mariage, de voyage, de week-end en amoureux. Des prises de têtes sur le qu'est ce que je vais faire de ma vie? Vais-je un jour me servir de ce nouveau papier?

Pour le moment je réapprends à vivre avec moi et mes envies. Ma guitare m'appelle, l'écriture m'appelle et enfin! enfin! Mes passions sont accessibles. Il était temps. Temps de me retrouver. Et de vous retrouver! Après trois ans, me revoilà!!! So bienvenues à vous tous chez moi!

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