American Psycho de Bret Easton Ellis
Résumé: Patrick Bateman, 26 ans, flamboyant golden-boy de Wall Street, fréquente les endroits où il faut se montrer, sniffe quotidiennement sa ligne de coke, et surtout ne se pose aucune question. Parfait yuppie des années quatre-vingt, le jour, il consomme. Mais la nuit, métamorphosé en serial killer, il tue, viole, égorge, tronçonne, décapite. Portrait lucide et froid d'une Amérique autosatisfaite où l'argent, la corruption et la violence règnent en maîtres, 'American Psycho', qui fit scandale lors de sa parution aux Etats-Unis, est aujourd'hui un best-seller mondial.
Ce que j'en ai pensé:
Autant être franche: j'ai haït ce roman. Et c'est uniquement pour cette raison que je l'ai lu en entier sans l'abandonner lâchement comme un livre sans intérêt et chiant à mourir. Parce que clairement, ce roman, bien que détestable est tout sauf sans intérêt et chiant à mourir.
Commençons par la façade:
Dans la première partie du roman, tout est à peu prêt normal. L'on se retrouve dans un remake de Gossip Girl version hommes (ou Sex and the City). La jeunesse dorée (bien que dans ces milieux là, 27 ans ne soit plus vraiment considéré comme "jeune") parfaitement représentée par P. Bateman et ces nombreux acolytes. Petit à petit les allusions s'installent. L'on commence à découvrir l'âme dérangée et les habitudes macabres du personnage principal.
Puis, sans prévenir, les meutres arrivent et l'horreur qui va avec. A gerber. Vraiment. Il n'y a rien de tendre, de romantique, de romanesque, rien de rien. Tout est hard, tout est revendiqué comme tel. Et chaque scène est plus insoutenable que la précédente. Le personnage s'emmèle, se mêle, s'embrouille et se perd dans les méandres de la folie furieuse.
Entre pornographie et violence trash et gratuite, Patrick Bateman évolue dans un monde lisse et plat, duquel semble s'échapper parfois le bruit des chasses d'eaux des toilettes des lieux branchés. La coke, le Xanax, les cigares, les J&B's on the roc ou sec, les vestes 4 boutons de chez untel et les lunettes en écailles de je-ne-sais plus trop quoi.
L'image que l'on se fait, cruelle et surfaite de ces personnes riches à souhait qui étalent leurs marchandises, singeant ceux qui ne peuvent s'offrir la moindre griffe.
Les marques et les descriptions des appareils Higth tech, des vêtements, des meubles, ne m'ont clairement pas intéressés et j'ai sauté allégrement ces passages rebarbatifs. Ils ne m'ont pas dérangés plus que ça. Et j'en tiendrai pas rigueur à l'auteur de nous avoir bassiné avec tout ça pendant 525 pages. J'ai compris le message. Passons.
Il est à noté que pour le côté descriptif, les chapitres purement musicaux, bien que curieux dans un tel roman, se sont montrés intéressants (même si W. Houston n'a jamais été mon idole de son vivant).
Le tout sans oublier les dialogues qui sont quand même, de toute beauté! Drôles et sarcastiques à souhait. Les seuls passages que j'ai savouré réellement.
Ce qui m'a empêché de fermer mon livre avant la fin:
En soi, ça n'est pas tant le livre que j'ai trouvé abominable, parce qu'il faut reconnaître que Mr Easton Ellis a une très jolie plume. Non, ce qui m'a profondément dérangé, c'est l'horreur qui se dégage de chaque ligne, de chaque mot, de chaque passage.
Et cette impression (qui n'en est pas une) que quoi qu'il arrive, il restera à jamais prisonnier de ce monde, de sa propre cruauté insatiable et de l'ennui mortel qu'est sa vie, l'ignorance des uns par rapport aux autres. Le fait que quoi qu'il fasse, personne ne le prendra jamais au sérieux, et qu'à tout jamais il pourra poursuivre son oeuvre sans être inquiété de quoi que ce soit.
Vous rappelez vous la scène dans Jurassic Parc premier, celle qui montre une vache se faire dégommer (une vache ou autre) par un T-Rex (ou autre aussi) dans la cage, du sang qui gicle et la curiosité macabre des scientifiques qui laissent faire la chose. Parce que telle est la nature.
J'ai eu cette impression en lisant ce livre. D'un personnage, bien qu'acteur de sa propre vie, qui assiste, impuissant au spectacle de celle ci, insatisfait, malheureux, qui pourrait taper sur le grillage en hurlant d'arrêter, que personne n'interviendrait.
Ou même, c'est comme si il était enfermé dans une cage de verre en plein milieu d'une rue et que nul ne prête attention à lui.
Dérangeant au plus au point, j'ai tenté de me mettre à sa place. Si moi aussi j'avais eu une vie riche et futile, avec aucun ami véritable, personne ne tenant à moi, personne pour même s'appercevoir de ce côté machiavélique qui m'habite, et quand bien même quelqu'un s'en appercevrait, personne pour lever le petit doigt et réfléchir vraiment à qui suis-je vraiment, je deviendrai folle. Vraiment.
C'est pourquoi j'ai aussi détesté ce livre,, parce que mine de rien, malgré tous ces clichés, toutes ces monstruosités, le message reste clair: Nous sommes à l'image du monde qui nous a façonné.
Si je le recommande... Oui. Mais avec de nombreux avertissements et pas à tous.
Soulagée, je vais ranger mon livre au congélateur (enfin non au fond de ma bibliothèque) et passer à quelque chose de plus léger.