Un petit extrait...

Publié le par unyvert.over-blog.fr

Connaissez vous les royaumes renaissants? C'est un jeu de rôle médiévale auquel je joue depuis des années. Vous y trouverez une plateforme IG tout ce qu'il y a de plus classique (en mode P&C) et un forum très développé dans lequel les histoires fleurissent allègrement. 

J'adore ce jeu, bien qu'en ce moment j'ai d'autres occupations et préoccupations en tête, et je poste toujours avec plaisir. 

En voici un extrait (à lire en écoutant la musique):

 

 

"Assise sur une branche, elle contemple le lointain, perdue dans ses pensées. Autours d'elle les branches nues craquent et menacent de la pousser si elle ne contrôle pas ses tremblements. Le soleil est encore haut dans le ciel. Ce dernier d'un bleu pâle est bien trop hivernale encore, et le vent glacé ne vient pas le contredire, glaçant la rouquine qui ne cille pas du regard. Là bas. Quelques part au loin.... Les mots dansent encore dans son esprit tandis qu'elle agrippe la branche au dessus d'elle et se redresse difficilement. "J'aurais aimé pouvoir te dire pourquoi avant que tu sois si loin." Il était parti. Il s'était éloigné. Il avait voulu tout ça. Il aurait voulu? Vraiment? Un rire s'échappe de ses lèvres gercées tandis qu'elle continue son ascension. Sa cicatrice la tiraille, sa peau semble se fissurer à nouveau, ouvrant la joue pâle et glacée de la rousse. Elle grimace. Elle n'avait jamais aimé l'hiver pour cela.

Une petite rengaine lui revient en mémoire alors qu'elle manque de glisser et de s'échouer quelques mètres plus bas.

 

"Dors dors petite poupée.

Dors dors mon adorée.

Dors pour ne pas voir le géant te croquer...."

 

De justesse elle se retient, le souffle court, le coeur manquant d'exploser sous sa poitrine menue. Elle hésite. Puis se met à rire. Pas de ces rires hystériques qui vous glacent les sangs, ni de ceux feints qu'elle lâche souvent. Non l'un de ces rires francs, qui vous habitent pleinement et vous laissent chancelant. Son chignon agité de spasme se défait tandis que les mèches volettent dans le vent. Les éclats s'envolent et virevoltent tandis qu'elle se retient comme elle peut. Elle était seule, perchée là haut, sans Corbeau pour croasser, seule. Et elle rit. Elle rit comme elle n'avait pas rit depuis longtemps. Depuis qu'ils avaient fait l'amour pour la dernière fois. Qu'il avait joué de la plume sur son corps fin et blanchâtre, provoquant sur ses membres d'albâtre une chair de poule qui ne l'avait quitté qu'après l'acte final. D'un geste de la main elle essuya ses joues, et se calma, reprenant son souffle, tachant de s'asseoir sans s'écrouler. "je suis bien trop lâche". Elle soupira et lissa sa robe comme elle put, repensant à cela. Pour être lâche... Mais elle l'était aussi. Elle... N'avait rien fait pour le retenir. Il était parti. Point. Ça s'arrête là. Alors certes, elle était fatiguée, lassée des fuyards qui préféraient prendre la fuite plutôt qu'assumer leurs mignardises. Certes elle avait donné. Mais... N'aurait-elle pas pu tenter quoi que ce soit? Lui courir après? L'attraper, l'enlacer, l'attacher, le gifler, l'embrasser, l'insulter, le caresser, lui faire l'amour, le martyriser, le torturer de son amour à elle, sauvage et tendre, de griffures, de morsures et de murmures.... N'aurait-elle rien pu faire? Il avait été lâche. Elle n'était pas mieux. En cela ils se ressemblaient. Il prenait la fuite. Elle l'acceptait. Brisée. Vaincue. Mais pas morte pour autant.

 

Elle releva la tête et fixa à nouveau l'horizon. "Il y aura peut être un jour ou tu me pardonneras, mais j'en doute. " Le pouvait-elle? Bien sûr que oui. Elle l'aimait. Il n'avait pas bien agit. Mais il en avait besoin. Et tout ce qu'elle souhaitait c'était son bonheur.... Bien entendu, elle lui réservera peut être la même gifle que Folklorette lui avait filé pour leurs retrouvailles. Mais cela s'arrêtera là. Elle n'ira pas plus loin avec lui. Un bruissement d'ailes attira son attention, elle croisa le regard d'un oiseau noir et plongea dedans. Un soupire, sur ses lèvres.

"C'est juste une phase, n'est pas?" Il inclina la tête sur le côté, curieux, avant de s'occuper de son aile droite de quelques coups de becs. Elle l'observa faire puis murmura: "ça n'est pas juste....". Il releva la tête, l'observa à nouveau. Elle sourit à travers ses larmes, songeant à son oiseau qui hurlerait de la savoir jouer ainsi à la funambule. "Pas juste du tout même". Elle essuya à nouveau son visage, se demandant quand les grandes eaux se tariraient, puis hoche la tête en direction de l'oiseau. En mode à la r'voyure mon p'tit père, on se reverra. Attrapant les branches, elle entreprit de descendre. Retrouver le plancher des vaches. Elle songea à Patate, à ce qu'il avait juré, puis à la chieuse, aux soeurs, à l'Artichaud et à tous les autres. Se dit que ça ne...

 

La branche craque. Elle

 

 

 

 

 

 

tombe

 

 

 

 

 

 

tombe

 

 

 

 

 

tombe.

 

 

 

 

...pourrait pas aller si mal? Vraiment?

Un hoquet s'échappe de ses lèvres tandis que le ciel s'obscurcit et qu'elle s'évanouit."

Publié dans Textes à moi

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